INTERVIEWS
STEREOTYPICAL W-C - ALL ACCESS
(par Florian)



Petit préambule :
L’idée d’interviewer les Stereotypical Working-Class est venue de Pauline, un certain 21 novembre au Divan du Monde et même si j’ai tout de suite été d’accord, en lui demandant si All Access ne voudrait pas également participer, je n’ai eu que peu de temps pour rédiger les questions. Ces interviews n’ont donc pas la prétention d’être du niveau de celles de Rock-sound ou des Inrockuptibles, d’autant que je n’avais, à ce moment-là, interviewé encore personne. Certaines questions sont peut-être connes, certaines n’intéressent peut-être que moi, mais j’ai fait de mon mieux avec le temps que j’avais.
La longueur différente des deux interviews n’est due qu’à une chose : la longueur des réponses des groupes ! Je ne critique aucun des deux, simplement il se trouve que les deux membres d’All Access ont été beaucoup plus bavards que ceux des Stereo. Certaines questions sont les mêmes, car j’avais prévu d’interviewer les groupes simultanément, d’autres sont venues au cours de la conversation ; je crois n’avoir supprimé qu’une seule question, que je trouvais vraiment idiote.
Pour terminer, je remercie beaucoup les deux groupes, Stereotypical Working-Class et All Access pour m’avoir donné de leur temps et pour avoir été aussi sympa, ainsi que Pauline pour m’avoir donné l’occasion (et pour me la donner à chaque critique d’album, à chaque review de concert) de faire un travail de « journaliste » qui me plaît énormément. Merci beaucoup.
 

                                                             Florian/ Vas Keypa/ Locride



STEREOTYPICAL W-C - ALL ACCESS

Interview des Stereotypical Working-Class réalisée le 24/11

Tout d’abord, racontez-moi l’histoire du groupe...
Christophe (guitare) : les Stereotypical Working-Class sont nés il y a trois ans seulement ; avant, on avait un autre groupe, avec la même formation mais sans notre chanteur actuel et on faisait du funk-rock, dans l’esprit des Red Hot Chili Peppers... On s’appelait les Baker’s Field. C’est le nom de la ville d’origine de Korn.
Et ensuite, comment est-ce que vous avez rencontrés Martin, votre chanteur actuel ?
Bertrand (basse) : dans notre ancien groupe, on se dirigeait de plus en plus vers le rock n’ roll et notre chanteur préférait le funk, donc il est parti et on a essayé avec mon frère (Martin) et comme ça rendait pas mal, on l’a gardé. C’était en novembre 1999. Ensuite, on a changés de nom et on a beaucoup travaillés.
De quand date votre première démo en tant que Stereotypical Working-Class ?
Christophe : un an, un an et demi.  La deuxième, on l’a enregistrée il y a six mois : on a mis en boîte quatre morceaux, en quatre jours.
Entre votre première démo et ce maxi, qu’est-ce qui a changé, comment est-ce que le groupe a évolué ?
Bertrand : au niveau de notre style, on n’a pas trop évolué, on est toujours dans le même trip ; mais au niveau de la production ça n’a rien à voir. On a enregistrés avec Ivan « Jordan Master », qui s’occupe, sur scène, de Noisy fate ou d’Enhancer par exemple et c’est Stéphane Kraemer qui s’est occupé du mixage (il a aussi bossé avec Pleymo, Enhancer et Watcha).
Christophe : ... et le mastering a été fait à La Source.
Si je ne me trompe pas, vous sortez votre maxi en partenariat avec Rock-Sound, comme celui de Lunatic Age ou la compilation Frenchcore ; de quelle façon ils vous aident ?
Christophe : ben, ils font de la promo : un de nos titres, « Already Lost », est sur le sampler de décembre et puis il y a aussi le macaron « 100% Rock-Sound » sur notre CD.
Bertrand : ...Merci Rock-Sound !
Christophe : ....Mais je sais pas du tout comment ça va se passer au niveau des chroniques,
des trucs comme ça...
Et est-ce que du fait de ce partenariat, ils vous demandent des comptes ?
Les deux : Non, non pas du tout !
Pour rester dans des histoires commerciales, on voit, aux Etats-Unis avec des groupes comme Linkin Park ou Limp Bizkit et en France avec Mass Hysteria, que la fusion accède maintenant à la reconnaissance du « grand public ». Est-ce que vous ne craignez pas que, comme avec Limp Bizkit par exemple, il y ait une récupération commerciale, en France, de cette musique ?
Bertrand : disons que même si, du point de vue éthique, l’attitude de groupes comme Limp Bizkit est douteuse, le fait est que ça permet à ces gens de vivre de leur musique et je pense que c’est une bonne chose. Et puis, un peu plus de Limp Bizkit et un peu moins d’Eve Angeli à la radio, je trouve ça plutôt bien. Je préfère voir un clip de Linkin Park plutôt que Star Academy, à la télé.
Pour revenir à vous, est-ce que vous avez reçus des financements pour vous aider  enregistrer votre disque ?
Christophe : non, pas du tout, c’est complètement de l’auto-production. Au niveau de la distribution du disque, c’est Musicast, qui a distribué aussi Wünjo, qui s’en occupe, mais pour ce qui est du disque lui-même, c’est nous qui avons tout payé.
Et au niveau des concerts, ça se débloque un peu ?
Bertrand : on commence à avoir quelques dates, parce que le CD commence à tourner : on joue en janvier à Lyon, en février on revient à Paris, au Tamanoir, avec Psykup et après on joue le 3 mars à Poitiers. Donc ça commence à arriver...
Christophe : tout le boulot qu’on a fait et l’enregistrement du 4 titres commencent à porter leurs fruits. On croise les doigts, mais pour l’instant ça se passe assez bien.
En ce qui concerne le néo-métal français en général, vous pensez que la situation s’améliore ?
Bertrand : oui, tu n’as qu’à voir la signature de Pleymo chez Sony. Les labels commencent à s’intéresser à cette musique ; de toute façon, dès qu’il y a un public derrière, les choses bougent.
Olivier (batterie) : ah, le prochain Pleymo, il va vraiment être terrible.
A part une chanson, avec Bob de Watcha, vos chansons sont en Anglais : pourquoi ?
Bertrand : parce qu’au niveau des mélodies, c’est une langue beaucoup plus facile que le Français. Le Français a tendance à... hacher les mélodies. Et puis nos influences sont surtout américaines.
Trois des titres de votre démo sont en écoute sur le site mp3.com. Vous étiez des supporters de Napster ?
Bertrand : je pense que c’est important de donner un aperçu du style du groupe sur Internet, d’offrir quelques titres c’est un moyen de promotion pour les groupes... Mais télécharger 20 disques grâce à Napster, bof... C’est clair que pour des groupes comme Limp Bizkit qui vendent des millions d’albums, ça n’est pas une grosse perte ; le problème est pour les petits groupes. Ce genre de trucs, ça a des avantages et des inconvénients.
Christophe : Lorie s’est fait découvrir sur le Net.
Pour finir, je voudrais savoir quelles sont vos plus grosses influences et quels sont les 3 albums qui ont marqués le groupe.
Christophe : Incubus, les Deftones et les Red Hot Chili Peppers. Pour les trois albums, je dirais : les deux albums de Watcha et puis le « Blood Sugar Sex Magic » des Red Hot.


Interview de All Access réalisée le 24/11

Tout d’abord, racontez-moi l’histoire du groupe...
Bertrand (2ème guitare) : au départ, All Access c’était Vincent ( 1ère guitare) et Jimi (chant). Vincent a noyauté son groupe et il y a pris ce qu’il y avait de bon à y prendre, c’est-à-dire Jimi. Après, ils ont rencontrés Michaël, le batteur, le bassiste actuel a été présenté au groupe par un membre de Caution et moi, je me suis présenté tout seul en leur cassant régulièrement les couilles.
Vincent : la première formation de All Access avait un autre bassiste, Ramon et quelqu’un qui s’occupait des machines, Pepito, parce qu’on voulait un apport un peu « ambiant », un peu synthétique mais ça ne nous convenait pas, donc Pepito est parti il y a deux mois et on a changés de bassiste. Bertrand nous a rejoints après, c’est lui qui s’occupe des parties « ambiant », en jouant avec beaucoup d’effets sur sa guitare.
Pourquoi avoir pris un deuxième guitariste ?
Vincent : parce qu’au niveau des compositions, une seule guitare, ça commençait à être un peu limité. La deuxième guitare va nous permettre de mettre en place les structures musicales dont on a envie, ce qui n’était pas possible auparavant.
Bertrand : on va pouvoir pousser les mélodies encore plus loin tout en ayant la même dynamique.
Quelle évolution y a-t-il eue entre votre premier autoproduit et la chanson « Ô », sur la compilation « Frenchcore » ?
Bertrand : déjà, on voulait faire un produit plus fini, avec des compositions plus mûres, avec plus d’ambiances, bref affirmer notre style. Parce qu’on a une discographie assez large et qu’on en a marre d’être comparés aux Deftones.
Parlez-moi de vos influences, justement...
Bertrand : des groupes d’emocore plutôt undergrounds comme Sunny Day Real Estate, Mineral, Cave-In, Glassjaw, bref des groupes post-hardcore.
Vincent : dans All Access, on n’écoute pas de néo-métal à part les Deftones. Korn et consorts, on n’a jamais vraiment écoutés, à part notre batteur qui aime bien Faith No More. Mon truc, c’est plutôt Pearl Jam, Sonic Youth, Radiohead... Ou des trucs carrément hardcores comme Snapcase ou Refused. On n’a pas cette influence hip-hop qu’ont des groupes comme Enhancer ou Caution.
Et puis comme les Stereo, vous avez un chanteur qui peut pousser sa voix.
Vincent : ouais, c’est clair qu’on a un chanteur qui a de la voix et qui s’en sert plutôt bien. Et puis comme je te l’ai dit, nos influences sont surtout des groupes qui chantent, on aime vraiment la mélodie. Pour revenir à ta question d’évolution, on essaye d’avoir un son de moins en moins métal ou néo-métal : le dernier groupe qui nous a latté la tronche, c’est At The Drive-In. Les groupes qu’on aime depuis de années, c’est Fugazi, c’est Glassjaw, c’est Quicksand, c’est-à-dire des gens qui viennent du hardcore, donc qui font de la musique musclée, mais qui aiment les mélodies parce qu’ils  ont écoutés d’autre choses à côté.
Bertrand : on fait de la musique mélodique, mais avec le gros son : on veut faire des morceaux qui pourraient se jouer en unplugged, d’ailleurs on y viendra, un jour.
Là, ça n’a carrément plus rien à voir avec le métal...
Vincent : non et puis de toute façon, il y a une « attitude métal » dans laquelle on ne s’inscrit pas du tout. Des gens qui ne pensent qu’à devenir des rock stars, qui  méprisent les femmes et les homos, moi ça ne me plaît pas. Je ne me reconnais pas dans un mec comme Fred Durst, qui fait des clips à un million de dollars avec des grognasses en maillot de bain...
Bertrand : ...et qui chante des textes limite « Macarena sur du métal ».
Vincent : Ces mecs-là, je les critique même pas : c’est pas mon monde, c’est pas ce que j’attends de la musique, même s’il y a sûrement aussi des trucs à redire ou à revoir dans ce qu’on fait.
J’ai déjà posé cette question aux Stereo, je voudrais aussi avoir votre avis : on voit, aux Etats-Unis, avec des groupes comme Linkin Park ou Limp Bizkit  justement, et en France avec Mass Hysteria, que la fusion accède maintenant à la reconnaissance du « grand public ». Est-ce que vous ne craignez pas que, comme avec Limp Bizkit par exemple, il y ait une récupération commerciale, en France, de cette musique ?
Vincent : c’est à chaque groupe de voir comment il veut gérer sa carrière : en ce qui concerne All Access, vu la musique qu’on propose, ça m’étonnerait qu’une major se penche sur notre cas. Et l’industrie musicale, de toute façon, c’est un système que j’aime pas des masses. On a une démarche plus alternative et les groupes qu’on écoute sont des groupes undergrounds : on préfère faire des choses à dimension humaine. Tu vois entre un groupe comme Limp Bizkit et un groupe comme les Deftones, il y a une grosse différence : les Deftones, eux, ont cette dimension humaine. Moi, en parallèle, je travaille dans la musique et plus je vois ce qui s’y passe, moins j’ai envie de signer sur une major. Mais en même temps, les majors te proposent des outils qui ne sont pas négligeables : signer sur un label distribué par une major, ça me semble déjà plus que correct.
Bertrand : des groupes comme Linkin Park ou Offspring, c’est clair que c’est des groupes de merde, mais ils peuvent amener des gens à écouter du « vrai » rock et ça c’est positif. Mais c’est une scène qu’on aime pas : Linkin Park, pour nous, c’est un boys band. En ce qui concerne les maisons de disques, elles n’en ont rien à foutre de l’artistique, on peut voir ça avec la chanson des lofteurs : l’important pour elles, c’est de vendre.
Vincent : ces groupes-là ne sont pas des artistes. Pour moi, des artistes, ce sont des gens comme Tori Amos qui font des chansons au piano et à la voix, ce sont des gens comme Ben Harper qui font le silence au Zénith ou comme At The Drive-In, qui splittent parce qu’on leur casse les couilles. Limp Bizkit ou Linkin Park sont des groupes qui, musicalement, me laissent complètement froids.
Est-ce que vous avez du mal à trouver des salles de concert pour jouer ?
Les deux : ah ouais, énormément !
Alors vous ne pensez pas que la situation du néo-métal se débloque ?
Vincent : enfin, disons que les choses se décantent petit à petit, mais on est encore obligés de se prendre en main tous seuls, d’organiser nous-mêmes nos concerts, nos tournées, d’aller enregistrer à nos frais... le groupe Aqme revient avec un album enregistré en Suède et c’est eux qui ont tout payé ; Enhancer, ils avaient déjà enregistrés leur album avant de signer. C’est encore les groupes qui prennent les risques : pour Enhancer, c’était quitte ou double. Les labels, aujourd’hui, ne sont pas des découvreurs de talents, on a l’impression qu’ils ne lisent pas la presse et qu’ils n’écoutent pas de disques, de toute façon, tu as beau leur envoyer le tien, ils s’en battent les couilles. C’est seulement une fois que tu as pris tous les risques que les labels arrivent.
Sur votre premier maxi, quatre de vos chansons étaient en anglais et une en espagnol. Votre nouveau titre, « Ô », est en français. Vous comptez vous mettre de plus en plus au français ?
Bertrand : nos trois nouveaux titres sont en français.
Vincent : on s’y met pour une raison simple : c’est parce qu’on est en France et qu’on préfère donc parler aux gens dans la langue qu’ils comprennent directement. On trouvait dommage le fait que les gens ne puissent saisir qu’une partie du message.
Pourtant, pas mal de groupes français chantent en anglais, surtout à leurs débuts.
Bertrand : en même temps, en s’y mettant, on s’est rendus compte qu’on pouvait avoir la même qualité en français. C’est clair que c’est pas facile, mais les nouveaux textes, franchement, j’en suis très content. Je pense aussi que chanter en anglais c’est aussi une façon de se cacher parce qu’on a peut-être un peu honte de ses  paroles ; si on a quelque chose à dire, autant le dire clairement. (Là, il part un peu en couille) Mais notre chanteur, Jimi, c’est un peu le Mike Brandt d’All Access : il apprend tout en phonétique. C’est un peu comme Tina Arena quand elle chante avec Pow Wow.
Vincent (qui essaye de rattraper le coup) : le français n’est pas naturel pour nous, dans la mesure où notre chanteur vient d’Amérique latine. Sa langue maternelle, c’est l’espagnol et il est arrivé en France seulement il y a huit ou dix ans. En plus, les groupes qu’on écoute chantent tous en anglais, mais on veut que les gens ressentent les mots comme ils ressentent la musique. On a pas mal été critiqués à propos du chant en anglais sur le premier maxi et on a beaucoup discutés avec Morad de Caution et David d’Enhancer ; ça nous a fait changer d’avis sur la question.
Et quels rapports entretenez-vous avec les autres groupes de néo-métal français ?
Vincent : on s’entend bien avec Caution, avec Enhancer, avec Wünjo.... Il y a aussi des membres d’Aqme qui sont là ce soir : on se connaît tous.
Parce que le nombre de collectifs qui existent (Team Nowhere, K1K1 Crew, Coriace) donnent plutôt une impression de clans...
Bertrand : non, pas du tout. Par exemple, on aime beaucoup le groupe [Leto], qui est un groupe qui fait de la musique un peu dans le même esprit que nous et qui essaye de se bouger. Et puis on est tous dans la même galère, alors autant ramer ensemble.
Vincent : si tu prends des groupes comme Caution, Wünjo, Aqme, [Leto]... ce sont des groupes qui n’ont rien à voir entre eux musicalement parlant, pourtant on les aime tous ; en plus, ceux qui ont un peu plus d’ancienneté, comme Enhancer, sont toujours là pour aider ou pour donner des conseils. On est un petit microcosme dans lequel on se fait avancer les uns, les autres. Tu sais, on fait aussi de la musique pour rencontrer des gens et c’est plus sympa, comme ce soir, de voir tout le monde se marrer en buvant des bières en backstage que de se faire la gueule : on ne se pose même pas la question, c’est comme ça, on s’apprécie.
Pour finir, quels sont vos projets pour l’année prochaine ?
Vincent : on a encore un concert à Amiens au mois de janvier, mais la vraie priorité c’est d’aller en studio, on espère que ce sera en février, pour enregistrer des nouveaux titres. On attaque les pré-productions en ce moment : on fait ça chez les Wünjo, tu vois, on se donne des coups de main, on va même essayer d’enregistrer dans le même studio, pour avoir un prix. On espère que l’album sera enregistré fin février et après, on va rentrer dans la longue phase de « comment on le sort ? ». Soit ce sera par le biais d’un label soit on se débrouillera tout seul...
 

N.B : pour plus de renseignements sur les Stéréo, référez-vous à la page du site de Pauline sur le groupe. Pour contacter All Access : 06 09 98 06 90. Les deux groupes ont sortis un maxi et ils sont dispos chez Ekirok (Paris) pour 30 ou 40 frs. Faites-vous un avis...